Il y a maintenant plusieurs années, nous envoyions à nos abonnés un fanzine nommé Turbo Time Travel. À l’interieur, on y trouvait Octobre Rouge, une courte bande dessinée signée Neb qui nous avait définitivement marquée. Aujourd’hui, nous avons le plaisir de partager avec vous un peu plus de son travail et certaines de ses pensées.
Peux-tu te présenter ?
Qui tu es, d’où-tu viens, ton parcours…
Hello ! Je m’appelle Neb, j’ai 28 ans. À la base je viens de Saint-Galmier, la ville de la Badoit ( l’eau minérale ! ) qui n’est pas loin de Saint-Étienne, où j’ai fait les beaux-arts. Après 3 ans dans cette école on m’a dit d’abandonner le dessin, qu’aucune école de BD ne me prendrait.
J’ai donc quitté ma région pour faire Liconograf, une école de BD à Strasbourg, où j’ai eu mon diplôme après 3 ans. Je n’ai pas encore quitté cette ville depuis !
Qu’est-ce qui t’intéresses dans l’idée de publier des fanzines ?
Tu en as fait beaucoup ?
Je pense que ce qui m’intéresse dans le fanzine, c’est surtout de publier mes histoires, celles qui ne peuvent pas exister ailleurs à cause de leurs formats ou que j’ai envie de faire sans pression de temps ou de qualité, juste pour m’amuser.
J’ai toujours besoin d’un but quand je travaille, d’une finalité, d’un endroit où je vais poster ma BD à la fin, si j’ai pas ça, je ne dessine pas, donc tout ce que vous pouvez voir sur mon Instagram a pour but de devenir un album, un artbook ou quelque chose comme ça.
Pendant mes études le but c’était souvent de poster sur mon blog ( fermé depuis ). Sauf qu’un jour, mon père qui était prof dans un collège m’a proposé de venir faire la petite fête du livre qu’ils organisaient toutes les années avec des auteurs du coin. Comme je n’avais absolument aucun contenu à vendre ou à montrer, j’ai ressorti l’histoire la plus longue que j’avais jamais faite, à savoir Ferdast et je l’ai redessiné entièrement ( il y a au moins 3 versions différentes de cette histoire ). On avait décidé de partir au Vietnam juste avant le festival avec ma copine et m’y étant pris trop tard, j’ai fini par couper l’histoire en deux par manque de temps ( je pense faire une version “ intégrale ” quand j’aurai vendu tous les tomes 1 et 2 ). J’ai aussi fait des pin’s, des print, j’ai invité ma pote Mloyang ( qui est devenue une super tatoueuse depuis ) et voilà on avait de quoi remplir un stand.
Comme j’avais pas mal vendu je me suis rapidement remboursé le prix que j’avais mis dans les impressions, du coup je me suis dit que je pouvais me permettre de faire un tome 2 pour conclure cet arc.
Pour Lien, ça avait été d’abord publié dans le tome 3 de Turbo Time Travel ( un fanzine collectif ) et comme j’aimais bien mon histoire et que mon librairie vendait déjà les Ferdast chez lui mais pas les TTT, j’en ai imprimés quelques-uns pour qu’ils soient diffusés à Strasbourg.
Depuis, je m’en sers surtout pour les offrir aux auteurs que j’aime bien et que je rencontre en dédicace, je suis pas un très bon vendeur.
Dans quels contextes ont été réalisés Lien & Ferdast ?
Ferdast était un projet pendant la 2e année à Liconograf. On devait faire une histoire en 20 pages, j’avais fait un premier découpage, je voulais reprendre cette histoire pendant les vacances mais je ne me sentais pas d’améliorer le scénario j’ai donc demandé à mon pote Christo de peaufiner l’ensemble.
Lien, la petite particularité, c’est que j’ai fait l’histoire un peu en impro. J’avais l’idée d’utiliser l’idée de la chaîne du mieux possible, de jouer avec, et je faisais une case après l’autre pendant Inktober. Vu que j’arrive jamais à finir Inktober j’ai débordé sur les mois suivants pour terminer l’histoire.
D’où tires-tu toutes tes idées ?
Quelles sont les artistes & les œuvres
qui inspirent et accompagnent ton travail ?
J’aime bien avoir un concept de base fort, qui va driver toute mon envie et mon histoire.
L’idée de base de Lien, par exemple, est d’avoir une histoire où deux personnages sont enchaînés et cet enchaînement est tantôt positif tantôt négatif.
Pour ce qui est des personnages, j’aime juste l’idée qu’un des deux a un parler très soutenu, j’aime le côté décalé que ça apporte avec le situation assez tendu qu’ils vivent ( je me suis demandé plus tard si je n’avais pas inconsciemment piqué ça dans Monkey Bizness ).
Pour ce qui est des œuvres qui m’inspirent, j’adore le western et le polar en général. Les vikings – même si Ferdast et la première BD sur laquelle je travaille en ce moment sont la-dessus – ça vient plus du fait qu’en 2e année à Liconograf on devait faire un projet d’adaptation et que le livre libre de droit que j’avais trouvé était une compilation de saga nordique.
Pour les artistes, ils sont nombreux mais j’aime les choses décalées, sombre, mais dans lesquelles on peut retrouver un peu d’humour noir. Sans grande originalité je suis un gros fan des frères Coen, de Tarantino, Sergio Leone, etc. J’adore aussi Gendy Tartakovsky avec notamment Samurai Jack & Primal.
Graphiquement, j’aime beaucoup de choses, je lis énormément de BD différentes, mais si je devais me définir je pense que je cherche à faire un truc entre Tomm Moore, Gendy Tartakvsky pour le coté géométrique, et Brüno, Mignola ou ce genre de personnes pour les masses de noir.
Ton compte Instagram révèle que tu es dorénavant auteur
chez Dargaud, peux-tu nous en parler un peu plus en détail ?
Comme je le disais plus tôt j’ai fait une école et en dernière année on devait travailler sur deux projets, un personnel qu’on écrivait et dessinait de A à Z et un autre qui devait être une adaptation.
Avec Ferdast, le fait de dessiner des vikings m’avait bien plu, du coup je suis parti sur un projet d’adaptation de Saga Nordique. J’ai finalement lâché le projet que j’avais monté à l’école mais l’univers et certains points que j’y avais découvert m’ont vraiment plu. J’ai donc décidé après l’école de ne plus adapter cet univers mais de m’en inspirer et d’écrire un projet à moi. Je l’ai envoyé à beaucoup d’éditeurs et Dargaud a finalement été intéressé ! Ca devrait sortir en 2023 ( j’ai encore beaucoup de pain sur la planche ) !
Qu’est-ce que tu dirais à quelqu’un qui s’apprête à lire tes fanzines ?
Je dirais de ne pas prendre ça comme un fanzine habituel où le but est souvent d’expérimenter. Le fanzine pour moi, c’est plus une manière de faire de la “nouvelle” en BD. J’ai quand même pour but de faire quelque chose d’assez “mainstream” malgré le graphisme un peu spécial pour de la BD traditionnel.
Et sinon, ben j’espère que ça vous fera passer un moment sympathique, c’est des projets sans prétentions mais j’en suis encore assez content même s’ils ont tous, maintenant, quelques années !
Et puis, enfin, je leur dirais merci de prendre le temps de me lire au milieu de la masse de contenu disponible !