Un Fanzine par Mois — rencontre & raconte :

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Louis Chalumeau

Peux-tu te présenter ?
D’où tu viens,
ton parcours, tes activités,
ce que t’aimes dans la vie, etc.

Je m’appelle Louis Chalumeau, je suis Français, j’ai vingt-six ans. Je suis un jeune homme curieux & influençable : un vrai cocktail explosif. Mon parcours de vie a été grandement lié à mes lectures. Enfant, je lisais Le Petit Spirou et ça m’a donné envie de dessiner des gags pour faire rire mes amis à la récré. J’ai ensuite commencé à lire des mangas et j’aimais tellement ça que j’ai pris des cours de japonais pendant des années avec le rêve de partir étudier au Japon pour devenir mangaka.À l’adolescence, j’ai lu des comics et j’ai voulu partir aux USA dessiner des super-héros.Au final, à l’obtention de mon bac, lorsque le choix de mes études supérieures s’est réellement posé, j’avais le nez dans les bandes dessinées indépendantes des années 90 et je ne suis pas parti si loin: je suis allé en Belgique.


J’ai passé trois super années à l’ESA Saint-Luc de Bruxelles où j’ai commencé à lire les livres des éditions 2024, et c’est en partie ce qui m’a motivé à terminer mes études à la HEAR de Strasbourg. Pendant mes études j’ai découvert le monde foisonnant du fanzinat et j’ai créé mes premiers fanzines pour partager moi aussi mes expérimentations graphiques sous forme de livre. J’ai donc beaucoup voyagé à travers les différents horizons de la bande dessinée.
J’aime rêver ma vie à travers mes lectures, ensuite je la vis vraiment, et enfin je m’en inspire pour écrire mes propres livres : la boucle est bouclée.
J’ai la grande chance & le privilège d’avoir une famille et une copine qui me soutiennent tout du long.

En parallèle de toutes ces bandes dessinées, j’ai aussi lu pas mal de livres sur l’effondrement du vivant causé par les sociétés humaines, ainsi que des livres qui témoignent d’une autre manière d’habiter le monde. À la suite de ces lectures, j’ai réussi à convaincre ma copine de déménager avec moi à la campagne pour apprendre à vivre autrement et tenter de prendre vraiment conscience de notre impact sur l’environnement.

J’ai donné un coup de main sur tout un tas de chantiers participatifs et aujourd’hui mon temps se partage entre la bande dessinée et la réhabilitation de notre vieille ferme en pierre. Lorsque je me suis plongé dans le monde des livres, j’ai eu envie de prendre en main la conception de A à Z en m’intéressant aux techniques d’impressions artisanales, aux différents types de papiers, à la reliure, etc. C’est ce que je fais pour le moment avec les maisons : j’essaye d’apprendre des savoir-faire anciens pour travailler la pierre, le bois, la terre. Le projet final, c’est de transformer la grange en atelier d’impression associatif.
Toutes mes passions se rejoignent :la boucle est doublement bouclée.

Comment est né le récit L’Absolu ? C’est quoi son histoire éditoriale ?

L’Absolu est né en 2017 au cours de ma deuxième année d’étude à l’ESA Saint-Luc de Bruxelles.
La consigne était de réaliser une bande dessinée de quelques pages en noir & blanc + une autre couleur avec comme thème l’artiste et son modèle. C’est un des sujets les plus courants de l’histoire de l’art, dominée par des hommes qui aiment contempler et peindre des femmes nues. J’ai relu en boucle ma nouvelle préférée de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu, dans laquelle un vieux peintre renommé pense finir sa carrière en ayant réalisé un chef d’œuvre absolu mais dont finalement personne ne comprend ce que représente son ultime tableau sur la toile duquel le corps du modèle se perd dans des tâches abstraites : il est pris pour fou.
Ce qui m’intéressait, c’était la question du point de vue : Qu’est-ce que l’art ? Qui choisit ce qui mérite d’être affiché dans un musée ?
Et dans quelle mesure ça peut être un monde dur & hypocrite.
À l’époque, j’étais tellement content du résultat que j’ai absolument voulu l’imprimer et le partager.
J’ai réfléchi à la manière la plus rapide et la plus économique d’en faire un fanzine auto publié : je suis allé au photocopieur du coin pour faire des copies en impression laser noir & blanc puis je suis rentré chez moi les repasser dans ma petite imprimante jet d’encre de bureau pour ajouter la touche de rouge qui parcours le livre. C’est là qu’est né mon gout pour l’impression expérimentale et le plaisir de superposer différentes techniques d’impressions.
La touche de rouge est une référence non dissimulée au manga  Élégie en rouge de Seichii Hayashi, une des histoires d’amour qui m’a le plus touché et que je ne cesse de relire.
Pour cette nouvelle édition de L’Absolu, je n’ai rien changé au contenu du livre, j’ai également gardé la reliure agrafée sur mousse néoprène qui avait fait sensation à l’époque. Cependant, j’ai modifié les techniques d’impression pour qu’elles soient plus efficaces et cohérentes avec les machines à ma disposition aujourd’hui.
La couche de noir est imprimée avec une vieille machine Riso GR3770 que j’ai récupérée et réparée alors qu’elle était hors d’usage. La touche de couleur est imprimée au moyen d’une imprimante jet d’encre Ecotank, en mode économie d’encre pour que l’impression soit très rapide et que la couleur soit grossièrement tramée et très douce. Par rapport à la première édition,j’ai aussi fait varier la teinte de couleur en fonction du récit.
C’est expérimental, je ne sais pas encore si l’idée est bonne au niveau du rendu mais ça m’a permis de tenir mes délais.

L’histoire existe sur Grandpapier.org. Peux-tu nous en parler ?

À l’époque, c’est justement L’Absolu qui m’a permis d’être représenté sur Grand papier. Le comité de sélection du site trouvait mes autres travaux trop scolaires, mais les planches de L’Absolu sont parvenues à les convaincre de me donner accès au site. À ce moment-là, c’était quelque chose d’énorme pour moi d’avoir ma bande dessinée en ligne sur Grand-papier. J’allais tous les jours guetter le nombre de « lu » .
Aujourd’hui je considère mes publications sur Grandpapier comme des archives de mes récits de jeunesse.
Le style évolue d’un récit à l’autre mais quand je les parcoure à présent je décèle entre les lignes les prémices de mon style actuel.
La plupart de ces récits ont aussi été imprimés en fanzine à quelques dizaines d’exemplaires et donc pour un cercle très restreint de lecteurs. Ce qui est chouette avec Grandpapier, c’est que n’importe qui muni d’une connexion internet peut les retrouver et les lire gratuitement ce qui leur donne une vie au-delà du livre et c’est ce qui permet aussi que des gens comme vous puissent me demander de les faire renaître sur papier.
Malgré tout, pour moi, l’objet livre reste indispensable. Chaque livre a sa vie propre : il naît lors de l’impression, puis est acheté, prêté, échangé, offert, rangé, retrouvé, lu, relu, brulé… Je m’attache de façon très intime à mes livres. Sur un écran, rien ne me semble concret. Internet, c’est sans début et sans fin et j’ai du ma là m’y attacher. Les deux supports ont leurs avantages et leurs inconvénients ; j’essaye donc de trouver un équilibre entre ce que je partage en ligne et ce que j’imprime.

C’est quoi tes projets en ce moment et pour l’avenir ?

Avec ma copine Pauline Sik, on a créé notre petite maison d’édition associative, les Éditions Aimant, afin de réunir nos deux univers graphiques et de donner une structure à l’atelier d’impression que nous sommes en train de construire en Bretagne.
Nous allons continuer de faire le tour des festivals de fanzines pour présenter nos publications ; nous avons par exemple notre revue collective annuelle Magnet, ainsi que d’autres publications « à suivre » qui feront l’objet d’une suite un jour.
En parallèle, j’ai un gros projet d’album que je sors de mes tiroirs occasionnellement et que j’oserai peut-être un jour envoyer et présenter à des éditeurs dans le but de le faire éditer et diffuser en librairie.

rédigé par ☞ Yann Quelennec

( Parfois indisponible dsl. )